Les cygnes Mystérieuses "sentinelles" dans l'avancée de la grippe aviaire
Les cygnes, apparemment très sensibles au virus H5N1, servent de "sentinelles" pour suivre l'expansion de la grippe aviaire et leur contamination est une énigme pour les experts qui s'interrogent sur les responsables de leur infection.
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La liste des cygnes retrouvés morts, porteurs du virus H5N1 ou suspects, dans plusieurs pays d'Europe tels que la Grèce, l'Italie, l'Allemagne ou maintenant la France, s'allonge chaque jour.
Parmi les trois espèces de cygnes vivant en Europe occidentale, le cygne tuberculé (cygnus Olor) est le plus répandu (France, Italie, Croatie, Allemagne, etc.) et il est assez sédentaire. Or, jusqu'à présent, c'est lui qui a été le plus touché.
Même en France, si c'est un canard qui a été confirmé positif, la majorité des 15 oiseaux retrouvés morts dans différents départements sont des cygnes. "Bien que sédentaires, les cygnes +tuberculés+ sont tout de même capables de faire de 200 à 300 km pour échapper à une vague de froid, ce qui explique sans doute les cas signalés en Italie et en Grèce après la vague qui a eu lieu en Europe de l'Est", déclare à l'AFP Jean Hars, vétérinaire épidémiologiste de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Mais certains des cygnes retrouvés porteurs du H5N1 sur l'île allemande de Rügen, en mer Baltique, sont des cygnes "chanteurs" (Cygnus cygnus). "C'est beaucoup plus compliqué à expliquer parce qu'on se pose la question du pourquoi : ce sont des cygnes migrateurs, mais très septentrionaux", et l'on se demande quels sont les oiseaux qui ont pu les infecter, souligne M. Hars. "Ces oiseaux sont soit passés inaperçus au niveau de la mortalité, soit ne sont pas morts" parce qu'ils étaient porteurs sains du virus, remarque-t-il.
Ni les cygnes "chanteurs" qui nidifient sur les lacs de la taïga dans le nord de la Russie ou en Finlande, ni les cygnes Bewick (cygnus columbianus) de la toundra russe et sibérienne "ne devraient en théorie être porteurs du H5N1", confirme de son côté Jean-Marie Boutin, ornithologue de l'ONCFS. En effet, "on n'a pas connaissance de foyers dans les élevages de volailles dans cette région-là". "Les foyers russes signalés l'été dernier, et qui se sont développés le long du transsibérien, sont beaucoup plus au sud", précise M. Boutin, qui fait partie comme M. Hars des experts de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) sur le suivi de la grippe aviaire.
Ce qui est sûr, estime M. Hars, c'est qu'avec la mort des cygnes, "on découvre aujourd'hui que cet animal est une espèce particulièrement sensible à ce virus H5N1". Selon lui, il "peut être une sentinelle révélatrice de la contamination d'un endroit où il y a déjà d'autres oiseaux positifs et porteurs, mais c'est le cygne qui meurt".
Quant à l'origine de leur contamination, le doute demeure, souligne M. Boutin. "Quand on voit les foyers qui apparaissent au fur et à mesure, on se dit par déduction que cela ne peut être que la faute des oiseaux migrateurs", lance-t-il. "Mais, à mon avis, ce n'est pas une preuve : c'est une déduction par défaut". Pour le prouver, "il faudrait attraper un quelconque migrateur sauvage à la frontière française, apparemment en pleine forme, porteur sain du H5N1 et hautement pathogène". Or, précise-t-il, "jusqu'à présent, dans notre surveillance active, cela ne nous est pas arrivé de découvrir un porteur sain hautement pathogène".
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